Car le beau est le commencement du terrible

  • 2018 - en cours

    Chez les Romantiques du XIXè siècle, le sentiment du sublime naît de l’expérience de la Grande Nature : un vertige intérieur où l’émerveillement se mêle à l’inquiétude, où l’émotion excède la raison. Une paroi abrupte fascine autant qu’elle effraie, une forêt noyée de brume enveloppe autant qu’elle oppresse.

    À travers les poèmes de Rainer Maria Rilke - dont le titre de la série s’inspire - et les réflexions de Jean-Louis Chrétien dans L’effroi du beau, j’ai retrouvé, sous une forme plus intérieure et existentielle, cette même expérience du sublime. J’ai compris que je la cherchais depuis longtemps, sans en avoir pleinement conscience, et que cette quête silencieuse avait façonné ma manière de regarder et de photographier la nature.

    Aujourd’hui, le sublime romantique prend une résonnance nouvelle. Le bouleversement climatique intensifie la fragilité du monde naturel, et ravive ce sentiment ancien d’un beau qui vacille.

    Nourrie par la sensibilité romantique, la série invite à la nécessité de renouer avec l’émerveillement. Dans un monde où la nature est trop souvent réduite à une ressource à exploiter et à dominer, éprouver le sublime devient une forme de résistance : il ouvre un espace intérieur qui invite à l’humilité et à une conscience plus profonde de notre appartenance au vivant.